Un paysage musical hétéroclite Un peu vite rangé lui aussi dans la case des ludions minimalistes à ses débuts, lorsqu’il publia, au milieu de la précédente décennie, un premier disque intitulé Super, Mathieu Boogaerts s’est imposé depuis comme une sorte de chroniqueur de la frivolité et du décalage. La preuve, son splendide troisième album, sorti en 2002, s’appelle 2000 ! Fils spirituel du Hollandais Dick Annegarn (avec lequel il a partagé la scène pour un duo itinérant de plusieurs mois), Boogaerts possède aussi des liens artistiques étroits avec le chanteur français Mathieu Chédid, alias M, son ami d’enfance. Emilie Simon, elle, n’est pas la fille de l’écrivain et musicien Yves Simon. Mais son père, ingénieur du son, lui a transmis, dès l’enfance, le goût des trafics sonores, de l’espèce de sorcellerie qui préside à l’enregistrement d’un disque. Pour son premier album, qu’elle publie à vingt-quatre ans, Emilie s’est enfermée seule pendant des mois dans un studio installé à domicile, pour peaufiner les vertiges d’une musique nourrie autant par la pop à dentelles de Kate Bush que par l’électronique la plus radicale des laboratoires anglais. A l’opposé de ce spectre, preuve de la diversité et de la profondeur du champ de la chanson française actuelle, on trouve le lauréat de l’année, Vincent Delerm, dont l’étonnant premier album constitue le succès surprise des derniers mois. Fils de l’écrivain, Philippe Delerm, connu pour sa manie du détail et son don de rendre spectaculaire l’insignifiant, Delerm junior a repris le flambeau familial en racontant de drôles d’historiettes qui mêlent autofiction et personnages réels. Le résultat ressemble à une radiographie de l’univers des "bourgeois-bohèmes", ou "bobos", par l’un des leurs. * Sobre. |